Bûches flambées et voitures cramées

Jeudi 2 janvier 2014

Notre sémillant minustre de l’Inférieur, Manu le Valseur, a annoncé ce matin le chiffre de 1067 voitures brûlées pour le Nouvel An. Il est content, l’artiste, voici enfin une courbe qui baisse : moins 10% par rapport à 2013. C’est trop bô.

Évidemment, une personne à peu près saine d’esprit peut se demander quel intérêt il y a à brûler des voitures. Surtout que ce sont toujours les voitures des voisins. Ben voui, ces jeunes bipèdes, à qui il ne manque que quelques menus ajustements chromosomiques pour parvenir à se hisser au statut d’épave, ne sortent pas de leur ghetto pour leurs barbecues Fiat lux. Ailleurs, c’est loin, et puis ils sont en concurrence avec une autre tribu, certes moins déterminée, mais néanmoins armée, les Forces de l’Ordre. Ce n’est pas tant que les Forces de l’Ordre gênent pour allumer la mèche, mais elles empêchent de profiter tranquillement du spectacle. Il faut détaler à toutes jambes à la moindre sirène. Avez-vous déjà essayé de jeter des pierres en fuyant ? Avouez que ça gâche le festif.

Donc, on brûle la voiture du voisin. Vu le quartier, il y a de fortes probabilité pour que ledit voisin connaisse des difficultés financières et qu’il ne soit assuré qu’aux tiers. Donc, il ne sera pas indemnisé par son assurance. En théorie, notre voisin lésé ira porter plainte, l’enquête de police établira les faits, un juge condamnera au civil (en plus du pénal) les auteurs à rembourser l’ami voisin. En pratique, le voisin la fermera par peur des représailles et filera éventuellement une rouste à sa femme et/ou ses gosses pour se passer les nerfs. La voiture ? Elle passe en pertes et profits de la macro-balance du vivre-ensemble joyeux.

Certains pourraient craindre que le voisin ne perde son emploi s’il n’a plus de voiture. D’autres s’en réjouiront : un type de plus sorti de l’esclavage du travail, un gogo de plus à brancher aux mamelles de l’Etat nourricier. Que du bonheur.

D’ailleurs, les journaux ne s’y trompent pas. Tout va bien. Notamment à Limoge, où la nuit du Réveillon a été quelque peu agitée (sic). Voitures brûlées et policiers caillassés. Nombre d’interpellations ? 0.

Mais, attention les yeux, en 2015, ça va changer. Si, si. Je ne rigole pas. En 2015, il sera strictement interdit d’allumer un feu de cheminée à Paris. Si vous voulez voir une bûche flamber, il ne vous restera que le pâtissier.  Les sanctions pour les contrevenants ne sont pas encore fixées, mais je suis prête à parier que ça coûtera beaucoup plus cher que de brûler une voiture.